"La zona" de Rodrigo Pla

Publié le par jeanne dressen

Il y a des films qui, aussi réalistes qu’ils se veuillent, ne parviennent pas à nous extraire de la conscience aigüe que « c’est du faux ». Un défaut de mise en scène, le jeu d’un acteur,  peuvent créer ce déséquilibre entre la volonté de réalisme et le trop visible « on dirait qu’on serait… »  La Zona est de ceux-ci, malgré l’intérêt du récit et du discours qu’il tient.

« La zona » est une propriété privée ultra sécurisée (caméras, gardiens, hauts murs), une sorte de forteresse pour riches. La chute d’un poteau lors d’un orage occasionne une brèche dans un mur de la résidence, et permet à quelques jeunes gens du quartier attenant et démuni, de s’infiltrer pour y voler. L’incursion tourne mal. Deux jeunes « voleurs » et un gardien de la propriété sont tués. Espérant retrouver le  voleur rescapé qui a disparu, et protéger ceux d’entre eux qui ont tiré et tué, les habitants de la zona exercent tout leur pouvoir pour empêcher la police d’enquêter. Le film raconte donc la traque haineuse de ces riches argentins aux trousses du jeune garçon réfugié dans un grenier, qui a juste essayé, une nuit, de voler.

Le film dénonce la société à deux vitesses en Argentine, la toute puissance des riches qui peuvent rendre leur  justice eux-mêmes, et l’impossibilité pour les pauvres de faire valoir La Justice.

La scène d’entrée (le poteau qui s’abat par temps d’orage et vient frayer un « chemin ») est très « belle », presque grandiose. Malheureusement, les images suivantes, trop léchées, artificielles (focale, texture) et en travellings circulaires répétés relèvent parfois un peu de l’exercice de style, et se voient autant que ce qu’elles montrent. Le lien qui se tisse entre l’adolescent de bonne famille et le garçon qu’il découvre réfugié dans son grenier est, à mon sens, bâclé, et se termine en cliché un peu grotesque.

La zona se râte de peu, à cause de quelques éléments essentiels qu’il eût été facile d’améliorer.

Publié dans films

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