Eldorado (de Bouli Lanners)

Publié le par jeanne dressen


Voici un nouveau road-movie, genre souvent  utilisé au cinéma pour traiter de la rencontre, le plus souvent dans une situation de crise, voire de fuite.
Ici, un homme d’une quarantaine d’années (Bouli Lanners) se laisse émouvoir par un jeune toxicomane qu’il avait trouvé chez lui en train de le cambrioler, et entreprend d’emmener ce jeune pommé chez ses parents, où il ne parvient pas à se rendre en stop, car personne ne le prend, tout simplement.
On pense évidemment assez vite que, comme d'habitude au cinéma, une rencontre va avoir lieu, et que les personnages ou leur trajectoire vont s'en trouver transformés. Mais contre toute attente, Eldorado  raconte une non rencontre, une amitié qui ne naît pas. Deux hommes seuls et silencieux se côtoient le temps d’un voyage, font ensemble d’étranges rencontres, mais ne se lient pas pour autant.  Muni de son expérience et de son ouverture d’esprit, l’un tente d’aider l’autre, trop pommé et trop mal (en période de sevrage) pour recevoir quelque amitié. Tels un père et un fils qui ne parviennent pas à réellement échanger, les deux feront la route à défaut de faire la paire, pour la terminer au même point de solitude que là où ils l’ont commencée. 

Bouli Lanners ne nous raconte pas d’histoire(s).  Un peu comme Kaurismäki, il filme une réalité tragi-comique, qui, pour les exclus, est rarement  romanesque. Le rire ouvre une petite brèche, modeste souffle pour les spectateurs, dont les personnages, eux, ne bénéficient  pas. Voient-ils seulement la sublime lumière automnale qui éclaire les paysages - rendus magnifiques - qu’ils traversent ?

Nous,  spectateurs, avons vu de belles images et pas mal ri. C’est l’avantage (et le plaisir) d’être au cinéma, et pas dans la voiture...

 

Publié dans films

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