oscar du meilleur scénario...

Publié le par jeanne

"Juno" de Jason Reitman

Peut-on rire de tout ? Peut-être, mais sur certains sujets, il faut être très bon.

Une ado de 16 ans tombe enceinte d’un garçon qu’elle n’aime pas et décide, parce que le centre d’avortement la déprime, de ne pas avorter et de le donner à de jeunes parents qui ne peuvent pas avoir d’enfants. Ce qui est sensé faire rire, c’est qu’elle leur parle de ce qu’elle a dans le ventre comme d’une chose, d’un truc, avec un total détachement. Une fois ça va, quatorze fois….
La mère adoptive de son futur bébé est une caricature de jeune bourgeoise dynamique polie et affligée, la relation de Juno à son père (tendre), à sa belle-mère (compliquée) sont des stéréotypes. A la fin du film, comme son père lui dit qu’un jour elle rencontrera quelqu’un qui l’aime pour ce qu’elle est (phrase entendue au cinéma et ailleurs, allez…1500 fois), ça lui fait tilt et elle se rend compte qu’elle est amoureuse du garçon qui lui a fait un bébé (qui est d’ailleurs tenu et resté à l’écart de toute décision et émotion concernant cet « événement »), qui est fou d’elle, et dont elle se moque depuis le début du film….Juno a pourtant obtenu l’Oscar du meilleur scénario. 

Une relation complice et privilégiée naît entre Juno et le futur père adoptif, et puis non. C’est vrai elle n’a que 16 ans, elle retourne donc jouer aux billes (ou à la guitare, ce qui revient au même) avec le garçon boutonneux qui aime les tic tac à l’orange (attention : gag) et qui l’a mise enceinte.

La morale et le moral sont saufs : ce trop jeune couple ne garde pas l’enfant, il n’y pas de détournement de mineur, la jeune femme-qui-ne-peut-pas-avoir-d’enfant-mais-qui-en-rêve en aura un (même si son mari la quitte). Tout ce qui aurait pu rendre l’histoire un peu râpeuse est soigneusement évité, en même temps que tous les sujets, comme celui (je croyais) du film : que peut vivre une adolescente enceinte ?

La mise en scène appuyée ne sauve pas la mise, avec sa récurrence de scènes commençant par des successions de gros plans gagesques (la belle mère qui découpe des chiens dans des revues, des tic tac à l’orange en masse dans la boîte aux lettres de son consommateur etc).

 L’actrice porte son faux ventre comme le personnage son bébé : comme un  truc encombrant mais sans implication. Dis-moi Oscar, quel est l’enjeu du film, au juste ? Si c’est de rire, c’est raté.

 

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A
Bon ok, j'ai mis du temps à le lire, mais je ne suis pas d'accord du tout: la relation avec la belle-mère n'est pas clichée, elle est plutôt symptahique, et tout ce qui est déja vu dans le film me semble assumé. <br /> Moi j'ai bien aimé qu'on ne fasse pas d'un film sur le sujet un film forcément "social", et même si je reconnais les faiblesses du traitement, qui survole pas mal de choses, j'ai été portée par son insouciance souriante.<br /> Quant à la Vie est Belle, je n'ai pas bcp ri, et ai trouvé ça formidablement poignant, sur le sujet, en l'occurence...
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F
Ne nous laissons pas bluffer par les titres de nomination qui sont le fruit du marketing des distributeurs de films.<br /> Oscars, Césars et consorts.<br /> Pour sinistre mémoire n'oubliez pas que "La vie des Autres" a été récompensé, que "Le Dernier Metro" a reçut des Césars, et que "Breaking the Waves" détient un prix à Cannes.<br /> Films affligeants comme vous le savez.<br /> <br /> <br /> "Juno" est juste un Bon Petit Film et c'est tout.<br /> N'en attendons rien d'autre.<br /> <br /> <br /> La seule originalité c'est que le personnage de Juno est totalement désinvolte.<br /> Elle met tout sur le même plan: les tic-tacs, les bébés, l'amour, le dentifrice.<br /> Elle traverse sa propre existence sans s'y intéresser, totalement décomplexée.<br /> Oisive.
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